Le quotidien des abbayes était (il l’est toujours mais sous une autre forme) rythmé par des préceptes et des principes. Les mortifications ont, pendant longtemps, joué un rôle essentiel pour rester concentré sur l’essentiel.
Eric. Juin 2017
Dans le monachisme, la mortification a souvent été considérée comme une pratique du quotidien Pourtant, les Pères de l’Eglise et les religieux ne partagent pas toujours la même conception de ces souffrances, que les religieux s’infligent à eux-mêmes.
En quoi la mortification est-elle nécessaire dans le monachisme ? Les moines avaient-ils tant besoin de se faire souffrir à ce point et de démontrer une imagination sans borne ?
Du verbe latin mortificare (faire mourir), la mortification ne figure pas dans l’Evangile, où seule y est présente l’idée, qui figurera, par la suite, l’abnégation, le port de la croix, le renoncement et le détachement.

La mortification, une création pour suivre la voie
Si les auteurs spirituels et les saints lui accordent une grande place, la mortification consiste à faire mourir en soi la vie de « chair » en la combattant et en l’étouffant. Elle ne concerne pas seulement les sens, mais aussi l’orgueil, l’avidité d’honneurs, la volonté individuelle, les joies trop grandes, ….car ces sentiments rompent la relation avec Dieu. Elle est réservée à tous ceux, qui veulent suivre le Christ, et ne se limite donc pas exclusivement aux religieux.
Il existe toute une série de moyens pour affaiblir les sens, et ces derniers sont censés apporter une souffrance libératrice et apaisante. Les plus courants sont le jeûne et la chasteté, puisqu’obligatoires pour les religieux.
Les autres méthodes tiennent souvent de la « performance », et les règles monastiques les évoquent très rarement, comme avec le cilice, et parfois certaines règles les interdisent.
Des mortifications multiples pour se concentrer sur l’essentiel
Louis GOUGAUD a inventorié dans la vie des saints nombre de pratiques, dont certaines paraissent à la limite de la vraisemblance, notamment les macérations (le séjour dans de l’eau glacée, des nuits entières, pour réciter les psaumes) (Dévotions et pratiques ascétiques au Moyen Age. 1925).
Le cilice est également fort répandu. Il est fait d’une étoffe rude, faite de longs poils de chèvre, portée à même la peau, usant progressivement l’épiderme. Et, la mortification consiste également à supporter la vermine qui s’y loge. D’autre part, des moines se donnent la discipline, c'est-à-dire qu’ils se battent ou qu’ils se font battre avec des verges ou autres instruments.
Néanmoins, la mortification ne doit pas engendrer l’orgueil, sinon elle n’est plus authentique et perd de sa valeur. Enfin, aux moyens physiques, certains saints (comme Vincent de Paul) préfèrent des formes de mortification touchant la vie quotidienne : peines de travail, tentations, privations et souffrances quotidiennes, …
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