L'influence, voilà un mot bien à la mode. Les influenceuses et les influenceurs interrogent et suscitent bien des fantasmes. Mais ils révèlent surtout une dérive de notre société, top souvent passée sous silence.
Eric. 19/07/2025
Désormais, les lycéennes et les lycéens peuvent, lors de leur réflexion sur leur orientation post-bac, choisir des cursus dédiés à ...l'influence. "Plus tard, je veux devenir Youtubeur ou influenceur " peut-on aujourd'hui entendre chez les plus jeunes. L'influence, entendez principalement marketing d'influence, constitue aujourd'hui un levier efficace et attrayant pour les (ou plutôt pour certaines) marques ou entreprises. La motivation de ces candidates et candidats ne se limitent pas exclusivement à la profusion (apparente) des opportunités professionnelles. L'ambition de devenir influenceur se nourrit également de la fascination exercée par les grands noms, qui ont réussi à percer en se constituant une communauté sur Youtube, Facebook et sur tant d'autres réseaux sociaux. Voilà donc un rêve, supplantant les traditionnelles carrières de pompier, de pilote d'avion, ...
Ce marketing d'influence est devenu si tendance, si omniprésent, que Le Monde diplomatique y a consacré un article dans son numéro 855 (Juin 2025).
Guider les influençables, la mission assignée aux influenceurs ?
Après une lecture attentive de ce dossier, l'envie de réagir s'imposa immédiatement. Une nécessité, comme si à mon tour, je voulais influencer les foules pour vous ouvrir les yeux. La prétention de pouvoir changer les choses à moi seul, ou l'ambition de ne pas rester inactif même si cela ne sert à rien. Cet article signé Benoit Bréville souligne bien des dérives de cette influence, posée désormais en véritable stratégie de communication. Une ère de l'influence, qui n'est pas, comme nous le montre l'article, sans danger. Les premières victimes se comptent parmi les rangs des influenceurs eux-mêmes.
En revanche, je faisais remarquer, dans mon courrier, mon regret de ne pas voir évoquer une autre des raisons de cet avènement de l'influence : les influençables, que nous sommes devenus. Alors même que nous sommes conscients des objectifs (peu avouables) de ces hommes et femmes, que nous suivons sur les réseaux sociaux, nous sommes incapables de prendre du recul pour garder notre libre arbitre.
N'est-ce pas parce que nous sommes devenus influençables, que se multiplient les influenceurs ?
Voilà bien une interrogation, sur laquelle il me faudra revenir, et sur laquelle je vous invite déjà à vous positionner. Pour une transparence totale, voici la copie de la lettre envoyée au journaliste du Monde Diplomatique.
Lecteur fidèle, assidu et désormais abonné de votre publication, je réagis à votre article « Tous influenceurs ! », paru dans l’édition de juin. Comme souvent, votre rigueur peut être saluée, bien que les dimensions d’influence, de création de contenu et de réseaux sociaux apparaissent parfois interchangeables, alors qu’il n’en est rien. Écrivain sous toutes ses formes depuis plus de 15 ans, et donc naturellement créateur de contenu (fortement concurrencé par l’IA aujourd’hui), je connais bien ces aspects à l’œuvre aujourd’hui dans la société.
Il ne s’agit pas, pour moi, de contester ni même d’approuver votre analyse. Bien des articles ont été rédigés sur le sujet par certains de vos concurrents mais aussi par d’autres. Vous mettez en exergue les dérives et les dangers, qui peuvent émerger avec cette montée en puissance de l’influence ou plutôt du marketing d’influence. Les influenceurs eux-mêmes peuvent se révéler des victimes en devenir, comme vous le démontrez.
Mon propos, ma réaction est ailleurs. Si d’un côté les influenceurs se multiplient à un rythme (inimaginable il y a quelques années), cela s’explique aussi (et surtout ?) par l’augmentation aussi significative des » influençables ». « Crétin digital », « Poisson rouge », …, peu importe le qualificatif : sommes-nous devenus incapables de juger, mesurer, évaluer ? Sommes-nous aujourd’hui condamnés à suivre les tendances y compris pour adapter nos valeurs et nos convictions ? Je devine une réponse immédiate, tendant à m’opposer une approche élitiste de la problématique, élitisme qui doit souvent vous être reproché. Il n’en est rien, m’incluant dans ce groupe hétérogène qui semble condamné à attendre ses directives pour agir …. Peut-être la question aurait eu le mérite d’être clairement posée, et non pas suggéré au détour d’une phrase.
Je vous remercie de votre attention, attendant fébrilement votre retour et surtout votre position sur le sujet.
Dans cette attente,
Et vous, comment jugez-vous cette montée en puissance de l'influence ? Vous sentez-vous concernés ? Comment l'expliquez-vous et comment réagissez vous au quotidien ?
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